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mercredi 23 mai 2012

Un jour à la campagne dans la province d’Asti


Encore un coup de pédale et ça y est !
Ce jour-là j’étais en train de traîner sur mon vélo, comme tous les gamins de mon village pendant l’été. Mais cette fois-là on était allé plus loin du bourg, le long de rue Mairano en sortant du centre vers la campagne. On se baladait assis sur la selle et par hasard on se promenait le long de la descente qui portait au cimetière du Montechiaro. Voilà, c’était ça le nom de mon village, et en effet l’été là-bas c’était vraiment comme dans un mont-clair ! Le soleil éblouissait. Pour cette raison-là il fallait tenir une casquette au-dessus du visage et moi, en pédalant tout doux, tout sage, attentif au mouvement de la roue sur l’asphalte, je me faisais baigner le visage par l’air pur de la campagne jusqu’au début de  la côte d’une petite ruelle, qui se cachait en descendant sur la gauche, parmi des palissades et des prairies d’élevage côtoyées de vignobles.
    En montant péniblement le chemin de terre on entendait un petit frôlement qui freinait et frottait en ronronnant contre la roue arrière. Alors, en me penchant en arrière j’ai vu, entre les rayons, des brins d’herbe qui frottaient, me faisant perdre l’équilibre et détourner les yeux de la fin de la venelle ! Pour cette raison-là, ça m’étonnait encore plus fort d’apercevoir, après un léger virage qui descendait la colline comme une écharpe autour du cou d’une femme, la petite église romane de Saint Nazaire.
J’étais loin d’imaginer que sur le territoire de mon village, au lieu dit Mairano, il y avait un si beau témoignage de l’art roman du XIIème siècle.
    Comme j’étais petit, je ne savais pas reconnaître tous les éléments d’un édifice religieux médiéval: les arcs clavés, les voûtes en cul-de-four, les berceaux plein-cintre, les colonnes engagées, les bandes lombardes ou les petites baies qui éclairaient faiblement l’église.
Toutefois j’étais ébloui par la présence de cette œuvre d’art aménagée sur le monticule naturel – qu’aujourd’hui j’appellerais « motte » – entourée d’une « hutte » d’arbres qui cachait l’abside et les façades latérales.
     La partie la plus imposante de l’église, qui conduisait nos regards vers le haut, était le clocher, très massif, comme s’il était une tour de défense transformée en construction pour abriter des cloches, et en plus, séparé de l’église, comme dans la tradition de l’art roman italien. De plus, j’interprétais cette tour avec son plan carré, avancé par rapport à la façade, comme une présence qui protégeait la petite église du vent froid du nord qui, d’ailleurs, blessait la façade latérale nord.
Je scrutais que son blanc manteau de pierre calcaire s’alternait, sauf dans le soubassement réalisé entièrement en pierre, aux assises de briques au fur et à mesure qu’on montait vers le toit en pavillon. Les façades de la tour, caractérisées par trois différentes corniches formées de petits arcs en briques et grès (arcatures aveugles), étaient encadrées de pilastres engagés angulaires, tandis que les trois rangées des appareils maçonneries étaient scandées d’élégantes fenêtres à double baie ou baies géminées qui occupaient le deuxième et troisième étage. Par contre, au premier étage on voyait une étroite baie en arc réalisée avec une seule pierre qui semblait plutôt une meurtrière !
    
   La façade de l’église était tout simplement merveilleuse. Comme dans la tour, elle était encadrée par deux pilastres engagés angulaires jusqu’au pignon, décoré d’une frise en arcatures aveugles croisées et montant selon les versants du toit. Au dessous, une croix en terre cuite et puis un singulier portail avec des voussures en grès décorées selon le goût du Moyen-âge : un archivolte entrecroisé comme dans l’architecture islamique, un arc décoré par des cornes d’abondance - selon la matrice culturelle classique - et un arc en briques à dents de loup. En voyant l’arc outrepassé du portail cela me faisait penser au style arabe espagnol! Les piédroits en pierre calcaire avaient aussi au sommet deux chapiteaux décorés.
   À cause de la fermeture de l’église, on ne pouvait pas voir l’intérieur, mais en faisant le tour le long de la façade latérale on comprenait que ce n’était pas une église à plusieurs vaisseaux. En plus on savait qu’en 1847-49 la partie de l’église fut désassemblée parce qu’elle allait tomber en ruines, donc l’église a été reconstruite un peu plus petite par rapport à l’originale.
    Ce jour-là j’ai constaté que la nature et l’histoire sont les deux grands domaines où se cache notre mémoire !      Alessandro Cutelli

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